DÉCLARATION SUR LA LANGUE, LES TERRITOIRES, L'ÉTAT ET LES SYMBOLES DU PEUPLE BASQUE/EUSKAL HERRIA

(Texte initialement publié le 27-Décembre-2019.)


Déclaration sur la Langue, les Territoires, l’État et les Symboles du Peuple Basque/Euskal Herria


De nombreux Peuples actuels d’Europe n’existaient pas, lorsque le Peuple Euskarien/Euskal Herria proto-Européen avait déjà vécu de nombreux millénaires dans son refuge péri-Pyrénéen; et les dialectes ou sous-dialectes officiels ou non officiels de ces Peuples actuels n’étaient pas encore apparus, tandis que la langue des Euskariens y avait vécu depuis des temps immémoriaux. Cette langue est l’Euskara, à laquelle on nie aujourd’hui son existence dans “l’Europe de la diversité de ses peuples et deses cultures”.

De même, de nombreux États de l’actuelle Union Impérialiste Européenne n’existaient pas lorsque a été constituée la confédération des républiques, comtés et seigneuries basques qui englobait tous ses Territoires historiques, librement réunis autour du Royaumede Pampelune, l’État des Basques (ou Vascones, comme les Romains les avaient appelé), prédécesseur du Royaume de Nabarra. Pas même quand – selon les apologistes de la conquête – “les Espagnols ont envahi, subjugué, confisqué et conservé le Royaume de Nabarra”, qui a été occupé, démembré et annexé par l’agression, la guerre, la violence et le terrorisme de ses voisins européens, et leurs complices civils, militaires et ecclésiastiques.

L’Euskara (ou Heuscara, Euskera, Uskara, Üskara…) est la seule langue nationale et propre du Peuple Basque/Euskal Herria. La persécution et la proscription de l’Euskara (“la langue des Navarrais” – ‘lingua navarrorum’ – d’après la désignation par nos monarques) par le Nationalisme impérialiste et le Colonialisme hispano-français, et les crimes commis pour nous arracher la langue qui constitue notre voix, notre âme et condition de Peuple, sont un crime de génocidequi ne sera jamais oublié ou pardonné.

Dialectes du Latin (il en aurait été autrement si Rome avait été définitivement vaincue dans les Guerres Puniques, surtout par Hannibal en l’année 216 av. J.-C.; ou par les langues germaniques des Franks et des Goths), la présence actuelle parmi nous du français et de l’espagnol (que les agents de l’impérialisme appellent “castillan” quand cela leur convient, afin de dissimuler et d’éviter ainsi l’opposition irréductible et irrémédiable espagnol–euskara), est une conséquence des contingences historiques étrangères et hostiles au Peuple Basque. Elle est l’empreinte d’une aliénation créée pendant des siècles à partir des crimes constitutifs imprescriptibles et innombrables résultants de l’agression, du démembrement, de l’annexion et de la colonisation contre notre Peuple et son État, le Royaume de Nabarra. Elle est un résultat de cette entreprise impérialiste, menée et réalisée par les États de l’Espagne et de la France au moyen du terrorisme de guerre et d’État, et d’occupation militaire permanente, ce qui est leur constitution réelle et primaire ; et de la promulgation de toute une législation impérialiste afférente, ce qui est leur “Constitution” formelle et secondaire, nulle et non avenue, criminellement imposée après la violente abolition de nos propres et légitimes lois et institutions :

“[...] une chose je trouve et je tire comme une conclusion très certaine : que la Langue a toujours été un compagnon de l’Empire ; et de telle manière elle l’a suivi, que conjointement ils ont commencé, grandi et se sont épanoui, et puis ensemble a été la chute de tous les deux. [...], le très révérend Père Évêque d’Avila m’a arraché la réponse ; et en répondant pour moi, il a dit qu’après que votre Altesse [= Isabelle Ire de Castille] eut placé sous son joug de nombreux peuples barbares et des nationsaux langues étranges, et après leur reddition, ceux-là auraient besoin de recevoir les lois que le vainqueur impose au vaincu, et avec celles-ci notre langue ; [...]. Et il est également certain que non seulement les ennemis de notre foi, à qui s’impose déjà la nécessité de connaître la langue castillane, mais aussi les Biscaïen, Navarrais, Français, Italien, et tous les autres qui ont quelque commerce et fréquentation avec l’Espagne et ont besoin de notre langue, pourront l’apprendre plus facilement au moyen de monœuvre, s’ils ne viennent pas ici dès l’enfance pour l’apprendre.” Etc. (Antonio de Nebrija; citation tirée de la dédicace de sa ‘Grammatica Antonii Nebrissensis’ à la reine Élisabeth Ire de Castille; 1492. Accent ajouté.)

Lorsque ceschoses ont été publiées, c’était encore vingt ans avant que le Royaume de Nabarra, l‘État des Basques, eut été une fois de plus attaqué par l‘impérialisme hispanique, désormais “l‘Etat composite” (H. G. Koenigsberger) de la Monarchie Hispano-Catholiquecomposée par les Couronnes d‘Aragon et de Castille. Ainsi, à cette époque, il était politiquement et sociologiquement clair – et, en tant que tel, cela était exprimé publiquement au plus haut niveau – ce qui aujourd'hui reste tout aussi clair mais qu‘il n‘est pas publiquement exprimé, pas même par ceux qui se présentent comme “nationalistes basques”, à savoir : que le Peuple Basque, sa Langue Basque et son État, le Royaume de Nabarra, étaient reconnus et se distinguaient sur un pied d‘égalité avec les autres Peuples, Langues et États européens. “Nous, Basques, ne sommes ni Espagnols ni Français ; les Espagnols et les Français ne sont pas Basques”.

Le rétablissement intégral de notre langue nationale est un droit inaliénable de chaque citoyen, et c’est un objectif primordial de notre État ; objectif dont la réalisation nécessite à la fois des ressources matérielles, de la flexibilité et de la compréhension (compte tenu de la situation difficile d’où nous trouvons), ainsi que l’engagement sincère de ceux qui doivent faire l’effort louable de l’apprendre et de l’utiliser, mais qui ne pourra être atteint universellement que par le rétablissement de notre indépendance nationale et étatique. Le prétendu et impossible “bilinguisme” qui nous est offert aujourd’hui, fondé sur l’assujettissement national/étatique de notre Peuple, non seulement n’empêche pas mais entraîne encore l’humiliation et la liquidation de la Langue “enseignée”. “L’enseignement” de ces Langues, et d’autres mesures semblables, sont destinées à tromper et séduire les Peuples subjugués. “La mission de l’Éducation nationale est de mettre fin aux langues régionales.” “Notre mission est d’aider les langues minoritaires à mourir doucement.” (A. Morvan.)

Les langues sont nationales, ou elles ne subsistent pas. Les langues “secondaires, minoritaires, locales ou régionales”, ça n’existe pas et ne peut pas exister ; pas plus que leurs cultures et leurs Peuples, dont elles sont indissociables. L’impérialisme le sait, parfois il le dit, même si ses victimes ne s’en rendent pas toujours compte. Comme nous l’avons péniblement vu tout au long de l’histoire, dans l’écosystème impérialiste de l’Espagne et de la France, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de place pour le Peuple Basque ou pour l’Euskara.

En outre, il est clair que, étant donné – d’une part – les handicaps idiomatiques créés dans notre État par l’imposition de l’espagnolet du français, et – d’autre part – les exigences de l’intercommunication que nous impose le monde d’aujourd’hui, le fonctionnement de notre État soulève le besoin incontournable d’adopter une seule lingua francafonctionnelle selon des critères d’efficacité et d’utilité ; ce qui nous permettra de nous connecter aux domaines du développement démocratique de notre environnement, tout en maintenant et en cultivant notre essence avec détermination: notre propre langue et culture basque.

“Droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes. A – Considérantque le droit des peuples et nations à disposer d’eux-mêmes est une condition préalable [‘aprerequisite’] pour la jouissance de tous les droits humains fondamentaux, [...], Considérantque chaque Membre de l’Organisation doit, conformément à la Charte, respecter le maintien du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans les autres Etats, L’Assemblée générale recommandece qui suit: 1. Les Etats Membres de l’Organisation doivent soutenir le principe du droit de tous les peuples et de toutes les nations à disposer d’eux-mêmes;” etc. [UNGAR 637 A (1952)]

“1. Conformément aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies, l’article 1 du ‘Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques’ [UNGAR 2200 (1966)] reconnaît à tous les peuples le droit de disposer d’eux-mêmes. Ce droit revêt une importance particulière, parce que sa réalisation est une condition essentielle de la garantie et du respect effectif des droits humains individuels ainsi que de la promotion et du renforcement de ces droits. C’est pour cette raison que les États ont fait du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, dans les deux Pactes [le précité, et le ‘Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels’] une disposition de droit positif, qu’ils ont placée, en tant qu’article 1, séparément et en tête de tous les autres droits énoncés dans ces Pactes.” Etc. [Observation générale no 12, faite par le Comité des Droits Humains (rattaché au Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits Humains) sur l’article 1 (Le Droit à l’autodétermination des peuples) des deux ‘Pactes Internationaux relatifs aux Droits Humains’, et adoptée à sa vingt et unième session (mars-1984). HRI/GEN/1/Rev.9 (Vol. I).]

Dans l’exercice des implications qu’entraîne le droit international d’Indépendance, autogouvernement, liberté, libre disposition ou autodétermination de tous les Peuples, “premier des droits humains fondamentaux et condition préalable pour la pleine jouissance de tous ces droits”, l’évacuation inconditionnelle et immédiate de toutes les forces d’occupation et de tout l’appareil d’assujettissement et colonisation installés sur les Territoires du Peuple Basque par les mentionnés États occupants, l’Espagne et la France, constitue l’exigence préalable absolue pour la résolution démocratique des problèmes créés par leur impérialisme colonialiste; et c’est également l’exigence de base pour le rétablissement de l’Euskara. En particulier, l’élimination de la “frontière” impérialiste-séparatiste franco-espagnole qui divise et sépare notre Peuple, et fait de notre Pays et de notre État des “régions” des États impérialistes d’Espagne et de France, est une exigence primordiale pour le rétablissement de la légalité internationale que ces États violent criminellement.

Tant que cette évacuation ne se produit pas, le refus et boycott de toute collaboration et participation aux institutions des États occupants, ainsi que leur dénonciation permanente en tant qu’impérialistes et criminelles, est la première condition d’une véritable opposition qui se veut réellement démocratique et qui n’est pas seulement un collaborationnisme camouflé et une soumission aux régimes d’occupation militaire de l’Espagne et de la France, présentés tout au contraire par les agents de trahison et de soumission comme s’ils étaient “propres, non-Nationalistes, non-violents, légitimes et démocratiques”.

Nous affirmons également la validité, continuité, actualité et intégrité de notre État, le Royaume de Nabarra. Cela implique que, face à l’impérialisme criminel français-espagnol et à sa domination et colonisation de notre Peuple, nous affirmons la permanence constante et incontournable du Peuple Basque dans ses Territoires Historiques, maintenue sans interruption depuis la nuit des temps, tels qu’ils onttoujours été cités par nos écrivains classiques. C’est-à-dire, en plus du reste des Territoires trans/cis-pyrénéens du Royaume de Nabarra, en Soule, Labourd, Biscaye, Guipuscoa, pays d’Alaba et dans de nombreux autres endroits [“Zuberoan, Laphurdin, Bizkaian, Gipuzkoan, Alaba-herrian eta bertze anhitz lekhutan”].

Le reste de ses ‘disjecta membra’ qui historiquement et volontairement faisaient partie du Royaume de Nabarra et qui en furent plus ou moins tôt arrachés de son sein, conservent tout leur droit de retourner à la patrie commune qui est notre État actuel, et à ses institutions, dont ils ont été violemment séparés. Un retour auquel nous les invitons fraternellement, avec la garantie de préserver la plénitude et l’intégrité de leurs droits inaliénables, pour la défense commune desquels nous engageons notre amour et notre dévouement inextinguibles de la liberté nationale et des droits humains fondamentaux, constitutifs et constituants de toute démocratie authentique et donc du système socio-politique que nous prônons. Un système confédéral et participatif selon la pratique immémoriale de l’Assemblée de nos ‘Batzarrak’, nos Assemblées et Institutions municipales libres.

Le drapeau et les symboles du Peuple Basque/Euskal Herria et de son État, le Royaume de Nabarra, sont tous ceux qui ont historiquement été utilisés pour symboliser leur existence en tant que Peuple et État souverain et indépendant, comme nous l’a transmis la documentation historiographique.Avec ceux-ci, car ayant été conçu et adopté pour représenter populairement la même entité politique, la Nation des Basques indépendante et souveraine (constituée dans la plénitude de leurs droits et installée dans touts leurs Territoires historiques), le drapeau bi-crucifère (‘ikurriña’) conçu par les frères Arana-Goiri – dont la dégradation, la réduction et la récupération par l’impérialisme ont étéignominieusement permises par les collaborateurs de la transition intra-totalitaire espagnole vers le Deuxième Franquisme actuellement en vigueur – fait également partie de l’héritage commun de symboles qui expriment et ont galvanisé les envies deliberté, démocratie et indépendance nationale de notre Peuple face aux agressions et aux crimes du Colonialisme et du Nationalisme impérialiste et fasciste de l’Espagne et de la France, ainsi que du Nazisme-Fascisme et du National-Catholicisme de ses alliés internationaux de l’Axe et du Vatican ; tout en préservant la prééminence, comme c’est naturel, du drapeau de notre État historique : le Royaume de Nabarra.

La récupération et falsification des signes identitaires des Peuples subjugués, perpétrées par l’impérialisme, sont des mécanismes qui contribuent à confondre leur basesociale; surtout lorsqu’elle est trompée, abandonnée et trahie par une prétendue classe intellectuelle et politique composée d’incapables ou vendue au service de l’entreprise impérialiste, comme c’est le cas actuellement au Pays des Basques.

Quant au choix d’autres symboles, tels que l’hymne national ou autres, et comme déjà indiqué, seul le rétablissement des conditions de l’Autodétermination ou Indépendance nationale, avec l’expulsionpréalable de toutes les armées étrangères occupant notre Pays, nous permettra de faire ce choix avec toute les garanties de participation, d’information et de contribution générales ; en particulier, de ceux qui sont qualifiés pour conseiller sur les décision les plus correctes relatives à ces questions. D’ici là, tous les éléments appartenant à l’acquis culturel de notre Peuple doivent être jalousement préservés.

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